Le bilan de compétences à la conquête de l’ultra-numérisation des acteurs de professionnalisation


Dans le petit monde agité du bilan de compétences, les professionnels sentent bien que l’éducation professionnelle n’est pas la priorité gouvernementale et paritaire.
Derrière la belle intention de dire aux salariés de s’auto-piloter dans une désintermédiation à tout va, il y a la réalité d’un discours plus publicitaire que social. Ci-dessous notre intervention sur ce sujet, dans le cadre d’une action collective engagée par plusieurs fédération professionnelle.
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La formation, les accompagnements professionnels, la création d’entreprise deviennent des marchés sans intermédiaires. Or, les financements publics se raréfient et surtout, sont soumis à des principes de suivi et de contrôle quantitatifs et statistiques. Derrière les chiffres de la pérennité à 3 ans il n’y a pas l’incidence des défaillances à 3 ans prenant effet … en 4ème ou 5ème année.
Il manque aussi l’indice de satisfaction et d’épanouissement voire celui de responsabilité sociale, autant d’éléments que l’ultralibéralisme associé à l’aveuglement complice entend bien sûr sortir des contraintes jugées trop lourdes pour les entreprises.
Non, la création d’entreprise, totalement formidable pour qui sait travailler dur, se remettre en cause, bien choisir ses appuis et équipiers, n’est pas l’eldorado pour tous.

Les marchés de la prestation professionnelle aux particuliers ou d’appui à la création d’entreprise, sont  investis par des acteurs à haut potentiel publicitaire et marketing. Ils capitalisent de plus en plus sur la relation directe avec des utilisateurs qui deviennent de ce fait des clients, non-payeurs de surcroît via les subventions publiques.La cannibalisation publicitaire est même à son comble quand on sait combien les salariés de certaines organisations n’ont même plus conscience du niveau de non-qualité qu’ils génèrent bien malgré eux (l’effet Milgram n’est il pas loin ?)

Le salarié, qui hier sous-traitait intégralement son parcours professionnel à ses patrons ou ses DRH, se retrouve responsable de son parcours, de sa sécurité financière, professionnelle et familiale, de son épanouissement personnel et social… ce qui revient à la belle injonction de gagner les 24h du Mans sans avoir pris de leçon de pilotage.

Ces salariés, démunis quant aux critères de choix et de mesure qualitative de prestations immatérielles, peuvent donc rapidement acheter n’importe quoi. La grande Distrib’ RH est sur les rails !

Initialement démunis sur ses besoins réels quand ce n’est pas sur ses motivations profondes, le travailleur file direct vers l’ubérisation galopante de ses talents. L’émotionnel, les promesses et la promotion d’une vie belle et facile ou au succès assuré fleurissent déjà.La remise en cause, toute récente, des illusions de la startup n’est qu’une première salve qui augurera une mise en conscience des enjeux sociétaux de l’entrepreneuriat.

Tout comme pour d’autres marchés, seuls les plus avertis et les plus éduqués survivent. Les autres ? Ils sont condamnés à acheter des plats tout cuisinés et autres aliments pathogènes pour nourrir leurs appétits de réussite ou de sécurité, en faisant confiance au packaging et à la marque promue par quelque star, comédien ou bénéficiaires fétiches des dits-prestataires.

Donner aux personnes le temps et des moyens professionnalisés pour une libre et juste information sur leurs besoins et leurs envies profondes est, dans ce contexte, non seulement une oeuvre de salubrité publique et sociale mais, bien plus, le seul moyen que nos talents continuent à être les moteurs des succès économiques et sociaux.

Le décodage des offres de formation ou d’accompagnement relève d’une protection évidente et nécessaire du salarié. Or, en devenant consommateur de ses propres outils de développement personnel, il est moins protégé que s’il achète un bien immobilier bénéficiant d’un diagnostic obligatoire indépendant. Notez qu’il en va de même pour le diagnostic automobile, ou les informations de contenus de produits alimentaires… un comble !

« L’entreprise de soi » doit devenir un standard, qui donnera, grâce au bilan de compétences salariales ou entrepreneuriales, les vrais moyens aux travailleurs de devenir les véritables acteurs de leur parcours.(cf livre aux éditions GERESO)

Ce standard doit naturellement faire l’objet d’un soutien des pouvoir publics, d’une professionnalisation soutenue des acteurs, mais aussi d’un travail sur la qualité des prestations fondées sur des critères qui doivent dépasser les seules intentions déontologiques ou le respect actuel de process administratif. Dautant que de magnifique innovations pédagogiques voient le jour qui permettent effectivement de faire de l’entreoreneuriat le levier de renouvellement économique et social que tant espèrent.

Sur le terrain du bilan de compétences entrepreneurial, la FNPAE s’y est engagé et propose déjà une codification soumise à l’intelligence collective de tous ceux qui souhaitent s’y investir.Ses assises du 10 décembre lancées avec succès le 14 mai dernier apporterons leur pierre à cette réflexion complexe donc qui doit être collective.